« Hermocrate », ou le projet d’une suite platonicienne

► ὁ λύχνος n° 169, novembre 2024.

Buste de Platon. Marbre, copie romaine d’un original grec du dernier quart du IVe siècle av. J.-C, Musée Pio-Clementino (wikicommons)

Louis R. Luccioni, Hermocrate. Écho d’un dialogue perdu, 2024, 330 p. 24 €

De prime abord, je tiens à vivement remercier George Herrera qui m’a éclairé le chemin vers les portes de Connaissance Hellénique, ainsi que Jean-Victor Vernhes, Jacques Collina-Girard, et Rocco Marseglia qui me les a ouvertes. 

En 2019, il s’est passé bien plus qu’avoir l’idée d’écrire l’Hermocrate, ce dialogue tant pressenti : les formes théorisées par Platon prenaient conscience dans les abysses de ma psyché. Était-ce mon daimôn qui se réveillait ?

Je développais depuis quatre ans un jeu vidéo dont l’un des précurseurs de la protagoniste psychopompe, dans un hors-série de La petite mort, le roman graphique* d’où elle est issue, échange avec Socrate à plusieurs reprises au cours de sa vie, jusqu’au jour de sa mort, la laissant démunie. Et moi avec. Est-ce que c’était de l’empathie ? Si nous revenons à son sens premier étymologique de passions et d’émotions intérieures, et que nous la redéfinissons comme une énergie, une force qui a le potentiel de stimuler le divin de notre nature, extension de l’Univers, alors oui.

Timée est révélation de la Nature, Critias de l’Atlantide, Hermocrate en est et en fait la synergie. Lorsque j’ai rencontré Luc Brisson à son domicile à peine deux mois après notre premier contact par téléphone et après la perte de celui qui avait été « mon Socrate », je n’avais nul autre objectif que d’écrire « la suite du Critias », dont l’unique enjeu était de voir achevé un texte resté tel quel depuis le IV^e siècle avant Jésus-Christ, ou à minima, et je ne le savais pas encore, depuis le IX^e siècle de notre ère dans un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France, le Parisinus Graecus 1807, avec la volonté instinctive de pleinement capturer, par comparaison des différentes traductions françaises contemporaines, ce que Platon voulait exprimer. Cela me conduisit à redéfinir l’étymologie de termes ayant beaucoup plus de richesses que ce qu’on en avait puisé, et tel un alchimiste spéléologue, je m’apprêtais, grâce à la trouvaille d’un certain Mémoire sur les jaspes et autres pierres précieuses de l’isle de la Corse, puis à Perseus, à la base Pinakes du CNRS, et au concours du Dr. Hilla Wait de l’Université d’Oxford, à transmuter la matière de plus de 200 articles Wikipédia en un nouveau métal. Allais-je obtenir de l’orichalque… ?

Le premier titre du dialogue, qui ne faisait alors que quelques pages, était « Le Démiurge », titre que je prévoyais d’être méta vis-à-vis du jeu vidéo en cours de développement. Il a très vite évolué en « Hermocrate » ; ce qui a été, à plus d’un titre, d’une logique qui me médusait. Le texte, qui se devait de surpasser le Critias en longueur, a connu quatre révisions majeures, y compris de son titre et de son format, d’abord A4, puis poche, A5, et enfin « Digest » pour être publié sur la plate-forme d’auto-édition d’Amazon, Kindle Direct Publishing. Sur les humbles et avisés conseils de Luc pour qui publier une BD pouvait être plus pertinent qu’un livre classique, les mots ont retrouvé la splendeur de leurs accents circonflexes, le texte s’est embelli de périphrases, tout en bénéficiant de la suppression notable d’innombrables adverbes ainsi que d’une préface rédigée de sa tout aussi humble main.

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*terme qu’on utilise pour qualifier une bande-dessinée, qui, même si elle constitue une série de plusieurs tomes, aborde des thèmes complexes et matures avec une approche narrative élaborée.

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